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Ces Montréalais d'adoption qui racontent leur ville

 

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"Ecrire Montréal" dresse le portrait d'écrivains venus d'ailleurs. Un film projeté à La Maison du Québec à Saint-Malo.

 

Le premier week-end de la saison estivale de la Maison du Québec à Saint-Malo démarre en force avec la projection du documentaire "Écrire Montréal - Regards d'ailleurs". Six écrivains aux origines diverses racontent leur rapport à Montréal dans ce long-métrage réalisé par la journaliste Daphnée Breytenbach et le cinéaste Lucas Mikaberidze, deux Français bénéficiaires d'une bourse de l'Office franco-québécois pour la jeunesse (OFQJ).  

Ils sont venus d'Amérique Latine, d'ex-Yougoslavie, d'Haïti, d'Irak, du Cameroun et d'Égypte. Si l'auteur Mauricio Segura a mis les pieds à Montréal à l'âge de cinq ans, fuyant avec sa famille la dictature au Chili, les cinq autres y ont posé bagage à l'âge adulte, déjà imprégnés de toute une "autre vie" vécue dans leur pays d'origine. Leurs parcours, bien que singuliers, convergent pourtant vers un point commun : l'amour de Montréal et de sa langue française à l'intonation chantante et colorée. 

Vivre son identité par l'écriture

Cette façon unique de s'exprimer a d'abord confronté les six auteurs à un véritable choc culturel. "Mais qu'est-ce que c'est que cette langue ?", s'interroge ainsi Maya Ombasic, d'origine yougoslave, lors de son arrivée à Montréal en 2003. "La première fois, confie-t-elle, on a l'impression d'entendre du français, mais on n'est pas trop sûr." Il est vrai qu'au Québec, la langue de Molière est affublée d'une tonalité particulière. Mais l'accent, dans la Belle province, est source de grande fierté : il incarne et revendique la spécificité de l'identité québécoise. Ce qu'a bien compris le romancier Victor Teboul, né à Alexandrie, qui affirme, tout sourire, "cultiver précieusement son accent d'Égypte".  

La langue québécoise, tous se la sont appropriée à travers l'écriture, qui a joué dans leur expérience immigrante un rôle clé. Écrire a permis à Maya Ombasic de raconter ses identités plurielles, elle qui est née en ex-Yougoslavie, a grandi en Suisse et a fait un crochet par Cuba avant d'atterrir à Montréal. 

Montréal, ville plurielle

À travers ce documentaire d'une grande sensibilité se dresse un portrait impressionniste de Montréal : multiculturelle, métissée, ouverte sur le monde. Sa population est bigarrée, "elle donne la même allure et la même fièvre qu'en Afrique", soutient l'écrivain d'origine camerounaise Lottin Wékapé. Si leurs témoignages révèlent des difficultés, notamment des imbroglios linguistiques racontés avec humour par Victor Teboul, une chose frappe dans leur récit : le sentiment d'appartenance vite éprouvé. "On ne se sent pas étranger, raconte Lottin Wékapé. Aussitôt qu'on sort de l'avion, il y a cette magie qui fait qu'on est en osmose avec la ville." Mauricio Segura renchérit, évoquant un "accueil merveilleux" et un "déferlement de solidarité" dans ses souvenirs d'enfant. 

Montréal, soutiennent ces auteurs à l'unisson, est un terrain privilégié pour le mélange des cultures. Cette diversité fait la force de la métropole et elle doit servir d'exemple au reste du monde. "Parce que ce dont le monde a besoin, c'est de vivre dans la diversité sans heurts et sans versement de sang", affirme l’un des auteurs.  

"Écrire Montréal Regards d'ailleurs", coup de coeur 2018 de la Maison du Québec à Saint-Malo, est projeté vendredi le 18 mai à 18h30 en présence des deux réalisateurs. Les portraits seront également rediffusés au courant du mois de juillet à la Maison du Québec. 

Voir l'entrevue ICI.

Sandrine Bourque, L’Express, 18 mai 2018

26 juin 2018